top of page

La filière viticole face au changement climatique

En cette journée du 22 avril 2022, dédiée à la terre, j’ai souhaité revenir sur l’un des enjeux majeurs de la filière viti-vinicole qui avait été mis en avant lors du Symposium ACT FOR CHANGE que j’avais organisé en juin 2019 à Vinexpo Bordeaux : l’impact du changement climatique sur les vignobles, le vin et son économie.


Après 10 ans de travaux, le Projet LACCAVE a rendu public, en novembre 2021, ses conclusions sur les adaptations de la viticulture au changement climatique. Financé et coordonné par l’INRAE, ce projet de référence a rassemblé une centaine de chercheurs en génétique, écophysiologie, agronomie, sciences de l’environnement, œnologie, géographie, économie, sociologie….


Si les impacts du bouleversement climatique sur les vignobles s’accentuent, des solutions pour l'adaptation sont possibles.



Les impacts du changement climatique s’intensifient dans les vignobles français


Les travaux de LACCAVE confirment que les stades du développement de la vigne sont plus précoces, la rendant plus vulnérable aux gelées de printemps, comme en avril 2021 et 2022, et avançant les dates des vendanges vers la fin de l’été, ce qui amplifie l’augmentation de température pour cette période sensible ; les stress hydriques sont plus prononcés avec des effets observables sur les rendements ; les caractéristiques des vins se modifient avec plus d’alcool, des baisses d’acidité et des modifications d’arôme ; la pression de bioagresseurs est plus forte.

Se pose alors la question de la durabilité de la viticulture, tant en France qu’à l’étranger.


Les leviers d’adaptation sont cependant multiples et leur expérimentation doit s’accélérer


Pour autant des solutions techniques ou organisationnelles sont possibles et déjà expérimentées.

Le projet LACCAVE a permis d’analyser les conditions de leurs mises en œuvre.

La conservation et l’amélioration des sols viticoles apparaît comme une urgence pour favoriser la résilience des vignobles, en combinant enherbement maîtrisé, apport de matière organique (compost, broyats, éco-paturage…), aménagements anti-érosion…


Le renouvellement et la diversification du matériel végétal est aussi une option majeure, permettant de planter des couples cépage/porte-greffe plus tardifs, résistants à la sécheresse ou à des températures plus élevées, produisant moins de sucre ou plus d’acidité. Cette option concerne des variétés « anciennes » ou cultivées dans d’autres régions, mais aussi les créations variétales. Pour cela, les conservatoires, essais individuels ou collectifs, réseaux d’observation doivent être soutenus.


La gestion de l’eau doit être pensée de manière systémique, selon le type de vin, l’encépagement et les pratiques viticoles. Il convient de promouvoir des pratiques agroécologiques et économes en eau.


Il existe déjà des moyens d’adapter la vinification pour limiter les effets du changement climatique (réduction de la teneur en alcool, ajustement de l’acidité…), mais des recherches appliquées aux nouvelles variétés restent nécessaires.


La filière doit contribuer à l’atténuation du changement climatique en réduisant ses émissions et en capturant du carbone, car les opportunités sont nombreuses (gestion des sols et paysages, logistique, isolation…) et les consommateurs sont sensibles à cet engagement qui contribue à l’image du vin.



Co-construire des stratégies d’adaptation à plusieurs échelles


Le projet LACCAVE met en évidence la nécessité de concevoir et d'évaluer les combinaisons de ces différents leviers d’adaptation, en mobilisant des démarches systémiques et participatives pour construire des stratégies à différentes échelles d’action.

A l’échelle nationale, le projet LACCAVE a réalisé une prospective pour 2050, fournissant quatre scénarios qui ont été mis en débat dans sept régions viticoles, suscitant 2700 propositions d’actions. Les données recueillies ont alimenté la réflexion des représentants professionnels qui sous la coordination de l’INAO et de FranceAgriMer ont élaboré une « stratégie de la filière viticole face au changement climatique », présentée le 26 août 2021 au Ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation.


L’enjeu climatique appelle à renforcer la production et le partage de connaissances et de données, en intégrant des domaines variés, une vision systémique et des démarches participatives ouvertes aux acteurs des territoires et aux consommateurs.


Les résultats des travaux réalisés dans le cadre du projet LACCAVE sont disponibles sur la plateforme collaborative VINEAS (projet INRAE/Climate KIC), qui rassemble acteurs et projets autour du partage de connaissances et de solutions en lien avec l'impact du changement climatique sur la vigne et le vin (https://www.vineas.net/)


crédit photo : Tim Mossholder

Comments


bottom of page